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Festival zéro déchet 2021 : L’intrapreneur à l’ère de l’individualisme

La fin de semaine dernière avait lieu le festival zéro déchet de Montréal, organisé par l’Association québécoise zéro déchet #aqzd. Une version hybride post-pandémique, qui proposait autant des activités en zoom, des ateliers et conférences dynamiques, ainsi qu’une foire aux exposants. Une nouvelle formule en plein air, un peu plus timide que l’édition de 2019, mais tout aussi riche de son organisation à la fois passionnée et engagée.

C’est avec une certaine excitation que nous avons pris part à cette formule pour nous immiscer encore plus dans ce mouvement de changement. À l’ère de la pandémie, mais également des enjeux environnementaux, nous avions comme attente d’aller chercher des réponses sur notre rôle autant personnel que professionnel dans ces bouleversements sociaux. Avec une certaine curiosité, nous avons pris part à l’atelier sur les rôles sociaux des intrapreneurs au sein des organisations.  

L’intrapreneur écolo

Dans une société dangereusement orientée sur les résultats et l’atteinte de perfection via la performance, on se concentre davantage sur nos besoins, en laissant de côté l’aspect collaboratif dans nos décisions. Même si la pandémie nous a appris à vivre en société, les anciennes habitudes sont encore trop souvent ancrées dans nos actions au quotidien. On mise sur notre bien-être, en délaissant celui du voisin, voire de la planète.

À force de repousser le problème à d’autres, on se dissocie de notre rôle dans la protection de l’environnement.



En effet, on remarque que les ménages sont responsables à 20% des déchets produits, alors que les organisations en génèrent plus de 50%. Il est donc normal qu’en fournissant des efforts individuels, on ait l’impression que tous les autres problèmes ne sont pas de notre ressort, mais plutôt ceux des politiciens ou des gérants d’entreprise. Les chiffres nous le démontrent, on se sent impuissant face à ces géants pollueurs. Même si cette pensée nous paraît logique, il est faux de croire que nos efforts doivent s’arrêter en claquant la porte de chez soi. Il faut plutôt se demander qui sont les parties prenantes de ces organisations. En tant que citoyens, usagers de services publiques ou employés dans une organisation, nous faisant part entière de toutes ces organisations qui nous entourent. C’est en comprenant que l’ensemble des individus forment la société dans laquelle nous évoluons, qu’on réalise l’impact que nous avons réellement sur la planète ; notre 20% se transforme rapidement en 70%. Si j’accepte que mon organisation banalise la gestion des déchets, je suis également responsable de cette décision. Par ailleurs, en prenant action en m’opposant et en proposant des solutions novatrices, je m’inscris enfin dans une démarche de changements positifs. Au lieu d’être résolus à une certaine fatalité, on peut prendre part à des actions concrètes, surtout si nous sommes bien préparés et convaincus de la noblesse de nos actions.


« L’intrapreneur est l’acte de se comporter comme un entrepreneur tout en travaillant dans une grande organisation »


5 façons de passer à l’action

1. Être plus critique

Avant de s’indigner des problèmes d’une entreprise ou de juger sans argument, il faut apprendre à devenir plus critique et informé. On peut par exemple se demander quelle est la mission de notre entreprise et comment elle y parvient dans l’ensemble de ses actions. Cela peut également mettre en lumière les incohérences que peuvent être représentées dans l’entreprise. Par exemple, si une entreprise met de l’avant dans ses communications l’inclusion de la communauté LGBTQ+, mais ne fait aucune action réelle en ce sens, on assiste sans doute à du « tockiness » qui signifie de s’approprier un mouvement populaire pour rafraîchir et améliorer son image.

C’est la même chose avec l’environnement et tout ce qui peut avoir l’air plus vert. Contestons davantage les processus et assurons-nous d’encourager ou mettre de l’avant ceux qui prennent vraiment la peine de faire une différence. Il faut parfois aller un peu plus loin que les apparences. Sans toutefois être découragé de ces écarts, il faut sortir du cynisme pour se rapprocher de la pensée critique.


2. Proposer des gestes simples

On le sait, pour modifier un comportement, on doit commencer par des petits changements, qu’on ajoute dans notre routine et qui deviennent alors beaucoup plus facile à intégrer. Maintenant que nous nous sommes informés, que nous avons questionné et que nous avons posé un regard critique sur des processus, nous pouvons proposer ces changements, qui risquent d’être acceptés par un plus grand nombre. Je pourrais par exemple proposer une journée par mois sans voiture, instaurer une logistique de co-voiturage ou améliorer les espaces pour stationner les vélos, etc.


3. Devenir leader du changement

Est-ce possible de devenir leader, même si nous sommes au bas hiérarchique de notre entreprise ? Absolument! Puisque comme on le mentionnait, l’organisation est la combinaison de tous les employés et donc l’image des valeurs de chacun. La force de celle-ci est donc proportionnelle à la force de son maillon le plus faible. Individuellement, on a donc le pouvoir de faire changer les mentalités d’au moins une personne, en agissant positivement sur nos pairs.


4. Arrêter de se déresponsabiliser

Il est bien facile de ne pas se sentir responsable de certaines actions, c’est un comportement relativement rassurant pour l’humain. Alors que pour certains le détachement aux responsabilités donne un sentiment de liberté, d’autres y verront un moyen de réduire la charge mentale et l’anxiété qui y sont associées. Bien qu’on ait (souvent) l’impression de crouler sous les tâches, la responsabilité sociale est pourtant source de motivation, de reconnaissance et d’engagement à l’autre qui apporte un très grand bien-être. Avoir le sentiment qu’on peut faire une différence notable que ce soit pour autrui ou pour notre environnement, c’est faire preuve de bienveillance, qui aura un effet catalyseur sur l’ensemble de nos relations. C’est aussi la porte d’entrée vers une version améliorée de notre organisation ou notre quartier. Vous pourriez par exemple faire partie du conseil de votre rue et organiser des pique-niques amicaux, organiser un club de jardinage à votre travail, proposer des ateliers pour cuisiner localement, etc.


5. Avoir une pensée plus systémique

Penser au-delà des activités de sa personne ou même de son organisation, c’est faire preuve d’une pensée systémique. C’est une façon d’aborder et de repenser notre réalité en incluant l’ensemble des acteurs du modèle. C’est de voir un peu plus loin que la boîte définie et orienter toutes nos décisions vers quelque chose de plus haut. Si je décide de poser tel acte, quelles en seront les conséquences à différents niveaux et comment faire pour agir en réduisant au maximum mon impact. C’est de constamment faire un calcul coût-bénéfice et valoriser les actions qui englobent l’environnement et la santé durable dans leur totalité.


Chacun de nous a donc le pouvoir de devenir un acteur de changement positif dans la société, sans nécessairement se tourner vers l’entrepreneuriat. Pourquoi ne pas rêver à cette possibilité où l’authenticité et le dynamisme l’emportent sur la productivité passive. Comme le disais Antoine de Saint Exupéry : « Nous n’avons pas hérité la Terre de nos ancêtres, mais l’empruntons à nos enfants. »

Ressources pour vous inspirer au quotidien

Balados

Remerciements

Un merci tout spécial à l’AQZD pour l’organisation de l’événement et à Jean-Michel Champagne pour la conférence « Réduire l’empreinte de son organisation grâce aux intrapreneurs ».