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Du marché public d’antan à l’épicerie zéro déchet moderne

La chaîne alimentaire est responsable du tiers des gaz à effet de serre rejetés. Machinerie agricole, élevage de masse, transport nationaux et internationaux, surplus de nourritures dans les sites d’enfouissement et bien d’autres sont responsables de cette pollution. Ces chiffres ne font pas état de l’ensemble de la perte de biodiversité lié au rejet des pesticides et engrais dans les eaux et les sols, du déchargement de plastique dans les océans et du gaspillage alimentaire. Les mœurs ont évolué au fil du temps pour laisser plus de place au prêt-à-manger dans nos assiettes et moins aux aliments qui proviennent directement de la terre. Le consommateur moyen ne sait malheureusement plus qui produit ses aliments et dans quel contexte. Vous arrivent-ils de vous demander comment nous en sommes arrivés là? Un petit retour en arrière s’impose pour mieux comprendre…

19ième siècle

Dans les années 1800, les gens n’ayant pas un accès facile aux fermes s’approvisionnaient en aliments dans les marchés publiques centraux des villes.  Cette période est un point tournant en termes de société de consommation de masse. Les consommateurs deviennent plus exigeants sur les produits et les classes plus riches cherchent à se différencier par leurs avoirs, mais aussi par ce qu’ils mangent! Les expositions universelles qui ont commencé en mai 1855 aux quatre coins du pays (rappelons-nous de celle de Montréal en 1967) permettent aux gens de découvrir des mets culturels et des aliments « exotiques ».

C’est à partir de 1850 que l’on voit apparaître des épiceries comme on l’entend aujourd’hui. Dans ces commerces, on y vend principalement des aliments en vrac. Le lien de proximité avec le commerçant est très présent, mais malheureusement le modèle d’affaires n’est pas des plus rentables car peu de clients peuvent être servis à la fois (l’épicier devait tout peser).

Appartements Garnier (autour des années 1950), aujourd’hui L’Escargot gourmand

20ième siècle

En 1933, l’épicerie Steinberg’s à Montréal, s’inspire de Loblaw en Ontario pour ouvrir une succursale en libre-service. C’est par l’avènement des épiceries en libre-service qui offrent des produits emballés que l’on voit apparaître la révolution du marketing alimentaire. Il y a maintenant une compétition entre les marques : qui aura le prix le plus bas? Le plus bel emballage? Les meilleures allégations? On retrouve également tous les services au même endroit : boulangerie, poissonnerie, boucherie, etc. Dans les années qui suivent, des épiceries ouvrent en banlieue des villes ce qui induit une nouveauté dans les habitudes des consommateurs : ceux-ci se déplacent en voiture puisque les épiceries offrent maintenant des stationnements. En 1950, les épiceries se dotent de réfrigérateur ce qui leur permet d’avoir du prêt-à-emporter. L’après-guerre (post 1945) est synonyme de grande révolution industrielle.

Cette révolution touche le système alimentaire puisqu’il y a beaucoup d’innovation au niveau des pratiques d’agriculture. La mécanisation du travail permet aussi une augmentation de la productivité. La main d’œuvre augmente en même temps que le pouvoir d’achat des consommateurs. Les gens sont prêts à payer moins pour les premières nécessités et plus pour l’achat de biens et de loisirs.

Tabagie Garnier (début des années 1980), aujourd’hui L’Escargot gourmand

21ième siècle

L’ère du numérique (années 2000) apportent son lot de nouveauté avec l’avènement du commerce en ligne. En résumé, la grande révolution a permis de centraliser les services de distribution et de transport ce qui permet de gagner du temps et de l’argent, mais non pas sans impact sur l’environnement.

Tel un retour de balancier, plusieurs se rendent compte que ce système, qui est somme tout très récent dans notre histoire, n’est pas viable. C’est pourquoi plusieurs mouvements émergent, dont le mouvement slow food et le zéro déchet. Deux mouvements qui ont grandement influencé les valeurs de notre épicerie de quartier.

L’Escargot gourmand (ouverture en Mai 2019)

SLOW FOOD

Ce mouvement est né en 1986 par Carlo Petrini en Italie et est vient en opposition à la montée de la mondialisation et l’apparition des grandes chaînes de restauration rapide. Il met de l’avant les aliments provenant de l’agriculture biologique et éco responsable, issus de la connaissance des artisans alimentaires, dans un mode de distribution traçable et équitable.


Zéro déchet

Pour sa part le zéro déchet vise la conservation de toutes les ressources par une production, une consommation, une réutilisation et une récupération responsables des produits, des emballages et des matériaux, dans le but de limiter la combustion et les rejets dans le sol, l’eau ou l’air qui menaceraient l’environnement ou la santé humaine. Ce mouvement met de l’avant le principe des 5R : refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter (« Rot » en anglais).

Ce ne sont que deux mouvements parmi tant d’autres qui appellent à repenser notre mode de production, distribution et consommation des aliments. On se doit de se pencher sur notre passé pour mieux comprendre où l’on s’en va. L’ère du numérique dans laquelle nous sommes a pour avantage de nous permettre de s’informer sur les enjeux actuels et faire voyager nos connaissances en un clic. Profitons de cet avantage pour repenser à ce que nous désirons comme avenir pour les générations futures. Après tout…, manger c’est voter!


Ressources

SLOW FOOD (Mouvement au Canada) : https://slowfood.ca/

Rapport sur l’environnement : https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/

Association Québécoise zéro déchet : https://www.aqzd.ca/a-propos/

Références

https://news.un.org/fr/story/2021/03/1091292

https://www.cairn.info/histoire-de-la-consommation–9782707171658-page-11.htm

http://ici.radio-canada.ca/emissions/aujourd_hui_l_histoire/2016-2017/chronique.asp?idChronique=399007

https://www.journaldemontreal.com/2019/01/22/lavenement-des-supermarches

http://consenevolution.canalblog.com/