Publié le

Comment économiser en mangeant local ?

Par Ellie Gauthier, stagiaire en nutrition

Saviez-vous que près du tiers des Québécois s’alimente principalement de produits locaux? En effet, les raisons d’acheter davantage local pour les Québécois sont nombreuses : faire rouler l’économie locale, protéger l’environnement, assurer un salaire juste au producteur, consommer des aliments frais, protéger notre patrimoine agricole, etc. Le désir d’acheter et de manger local est en réelle croissance ces dernières années dans notre province et ce, particulièrement depuis la pandémie. Malgré la popularité grandissante de ce mouvement, que l’on nomme « locavorisme », 54% des Québécois estiment ne pas avoir le budget pour acheter davantage d’aliments locaux, selon un article de La Presse. Or, il existe différentes astuces bien simples pour économiser tout en encourageant nos producteurs d’ici. Dans cet article, nous vous proposons donc cinq conseils pour manger local tout en réduisant le coût de votre épicerie.

Mais d’abord, qu’est-ce qu’un produit local ?

La définition de « produit local » varie d’une organisation à l’autre. Selon la politique actuellement en vigueur de L’Agence Canadienne d’inspection des aliments (ACIA), le terme « local » peut être utilisé pour un aliment produit dans la province où il est vendu ou pour un produit vendu dans une autre province à un rayon de moins de 50 km de la province d’origine. Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), un produit local est un aliment préparé ou produit au Québec. Malgré cette divergence de définitions, il est possible de conclure que de manger local consiste à réduire la distance entre le lieu de consommation et de production et à encourager les circuits courts. Un circuit court est un système alimentaire où il y a au maximum un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Par exemple, l’achat de fruits et de légumes dans un marché local où plusieurs producteurs y tiennent leur propre kiosque est un circuit court.


1. Manger en suivant les saisons

Les fruits et les légumes coûtent moins chers lorsqu’ils sont cultivés en saison. Par définition, les produits de saison sont des produits dont on a respecté le cycle naturel de croissance. Par exemple, une tomate récoltée dans des champs l’été ou l’automne au Québec est un produit de saison, tandis qu’une tomate récoltée en serre l’hiver ne l’est pas. En effet, un plant de tomate ne pousserait pas naturellement durant l’hiver.  Les tomates coûteront donc moins chers durant l’été et l’automne, puisqu’elles y sont récoltées en plus grande quantité. D’autre part, le prix d’un produit en saison durant l’été est moins élevé que le même produit importé durant l’hiver. Par exemple, les fraises importées qui se retrouvent dans nos épiceries l’hiver sont significativement plus chères que les fraises du Québec poussant l’été. Afin d’éclairer vos choix, consultez ce calendrier d’arrivage des produits en saison : https://mangezquebec.com/fr/calendrier-des-arrivages/


2. Congeler et économiser

Les changements de saison au Québec rendent impossible la culture de certains fruits et légumes à l’année longue. Toutefois, la congélation de ces produits est une alternative efficace et économique pour continuer à manger les fruits et légumes que l’on aime douze mois par année. Tout ce qu’il vous faut, c’est un peu d’anticipation et un bon congélateur. L’été, achetez ou cueillez plus de petits fruits en prévision de l’hiver : les petits fruits congelés s’intègrent très bien dans votre gruau, vos céréales, votre yogourt ou vos desserts.  Les courges, les citrouilles, les poireaux, les haricots, le maïs et les tomates (que l’on a préalablement blanchies et épluchées) se congèlent aussi et s’intègrent merveilleusement bien à vos sautés, vos potages et vos mijotés. Notez que la qualité nutritionnelle des fruits et légumes surgelés est la même que celles des fruits et légumes frais, puisque la congélation empêche tout exposition à la lumière et à la chaleur. En congelant les fruits et légumes de saison et en diminuant l’achat de produits qui ne sont pas en saison, vous verrez ainsi le coût de votre épicerie diminuer. Finalement, congeler vos fruits et légumes vous permettra de cuisiner davantage, tout en économisant.


3. L’autocueillette

Les fruits et légumes disponibles en autocueillette vous coûteront moins chers, puisqu’on soustrait au prix une partie du montant alloué à la main-d’œuvre. En plus de vous faire sauver des sous, il s’agit d’une occasion idéale pour passer du temps en famille et pour profiter du soleil.  


4. Auto suffisance et jardinage

Un fruit ou un légume que vous avez cueilli dans votre propre jardin ou dans votre jardin communautaire est aussi un produit local. Jardiner vous permettra d’économiser, puisque vous n’aurez qu’à acheter les semences et la terre au besoin. Nul besoin d’aménager un grand espace de terre pour jardiner. Il est possible de transférer ses semis dans des bacs de terre, que vous laisserez sur votre balcon durant l’été. Cueillir et déguster les fruits et légumes que nous avons-nous-mêmes fait pousser est très gratifiant!


5. Restez à l’affût des initiatives d’entreprises locales dans votre ville

Certaines entreprises locales ont mis sur pied des projets vous permettant d’économiser tout en mangeant local. Par exemple, l’entreprise « Les Fermes Lufa » offre des paniers « anti-gaspillage ». Le concept : freiner le gaspillage alimentaire en offrant des paniers de produits locaux arrivant à expiration, dont la date de péremption est légèrement dépassée ou qui sont moins jolis d’apparence et qui ne pourraient pas être vendus en épicerie. Le coût des paniers est de 16,50$ et contient l’équivalent de plus de 20$ en produits locaux. S’abonner aux paniers « anti-gaspillage » est un bon moyen de découvrir des produits d’ici à un moindre coût. Si cette initiative vous intéresse, consultez le lien suivant :

https://montreal.lufa.com

Il existe également des applications qui offrent aux consommateurs la possibilité d’acheter des fruits et légumes moches à faible coût. L’une d’elles est Food Hero, qui collabore avec Métro et IGA pour freiner le gaspillage alimentaire, en permettant aux clients d’acheter des produits qui arrivent à expiration.  D’ailleurs, l’Escargot Gourmand sera un point de collecte pour les paniers Second Life dès janvier. Les paniers Second Life, vendus à un coût moindre, contiennent des produits imparfaits qui sont invendus en épicerie. À noter que l’Escargot Gourmand est aussi un point de collecte pour les paniers de légumes Bio, une initiative mise sur pied par le Réseau des fermiers et fermières de famille, qui font le pont entre les producteurs locaux certifiés biologiques et les consommateurs. Bref, toutes ces initiatives nous permettent d’augmenter la variété de notre alimentation, d’encourager les circuits courts et d’apprendre à cuisiner de nouveaux aliments.

https://second-life.ca/


Un geste pour notre économie locale, notre planète et notre patrimoine avant tout

Ce serait de vous mentir que de dire que le prix des produits locaux est toujours moins élevé que celui des produits importés et transformés par les grandes multinationales de ce monde. La différence de prix, qui n’est souvent pas si grande, sert à payer de façon juste et équitable le producteur et dans plusieurs cas, à encourager des techniques agricoles durables. Acheter local, c’est donc un investissement qui rapporte à long terme pour notre société. C’est de faire honneur à notre patrimoine agricole et à l’abondance alimentaire que notre territoire québécois nous offre. C’est encourager le développement durable en limitant l’achat de produits importés et sur emballés qui ont parcouru de longues distances en bateau ou en camion avant d’arriver sur nos tablettes d’épicerie. C’est important de se soucier du prix que l’on paye les aliments, oui, mais il faut aussi se rappeler que manger, c’est voter.


RÉFÉRENCES

  1. Accueil | Manger local Québec. (s. d.). Consulté 6 décembre 2021, à l’adresse https://www.mangerlocalquebec.info/
  2. Le Québec au troisième rang canadien pour l’achat local. (2021, septembre 2). La Tribune. https://www.lesoleil.com/2021/09/02/le-quebec-au-troisieme-rang-canadien-pour-lachat-local-79f653fec0ae04e3035ad96031245c55
  3. Manger local, c’est quoi? (s. d.). Consulté 6 décembre 2021, à l’adresse https://www.alimentsduquebec.com/fr/blogue/achat-local/manger-local-c-est-quoi
  4. Morissette, N. (2021, octobre 14). Alimentation : Oui à l’achat local, mais…. La Presse. https://www.lapresse.ca/affaires/2021-10-14/alimentation/oui-a-l-achat-local-mais.php
  5. Pourquoi manger local | equiterre.org—Pour des choix écologiques, équitables et solidaires. (s. d.). Consulté 6 décembre 2021, à l’adresse https://www.equiterre.org/solution/pourquoi-manger-local